Qu'est-ce que l'anarchisme-vert ?

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Comme son nom l'indique, l'anarchisme-vert est un mouvement à la fois écologiste et libertaire.

Cela peut surprendre. Les écologistes ne se prétendent généralement pas anarchistes. Et réciproquement !

Pour nous, ces idées vont ensemble de manière naturelle. Le vert et le noir, l'écologie et l'anarchisme, sont complémentaires.

Dans toute société humaine, les relations entre les hommes sont le reflet des relations entre l'homme et la nature. Ecologie et organisation sociale : les deux sont liées.

Les sociétés proches de la nature sont anti-autoritaires et autogestionnaires, comme le montrent de nombreux exemples (cf Pierre Clastres, "La société contre l'état").

Le respect de la vie et la liberté sont une seule et même chose. L'un ne va pas sans l'autre.

Une vision neuve du monde.

L'anarchisme-vert est une "confrérie" où l'on rencontre des personnes d'horizons variés : des pratiquants de l'écologie profonde aux militants de l'anarcho-primitivisme, en passant par des éco-warriors sur le sentier de la guerre...

Certains sont pour l'action violente, d'autres sont des pacifistes inflexibles... Certains sont solitaires, d'autres vivent en tribus... Certains pratiquent le réensauvagement en Amazonie, d'autres parcourent le monde pour faire découvrir ces idées...

Des idées vieilles comme le monde, des idées qui ont presque l'âge de la terre... mais qui sont restées intactes, prêtes à éclore pour nos générations.

Une vision neuve du monde, comme à son premier lever de soleil.

Face à la civilisation.

Ecologique et libertaire, l'anarchisme-vert se caractérise par une critique radicale de la civilisation.

Les divers courants de l'anarchisme-vert ont chacun leur mise en pratique, mais ils ont en commun cette remise en cause de la civilisation.

L'anarchisme-vert considère que la civilisation, depuis son apparition, conduit à un suicide collectif.

Un suicide pour la planète comme pour les êtres humains qui y vivent.

En faisant un tel constat, l'anarchisme-vert brise d'emblée un premier tabou : il n'y a pas "des" civilisations, mais "une" civilisation, à savoir la civilisation.

La civilisation a un caractère universel.

Partout où elle est apparaît, elle obéit à un principe immuable, fondamental : l'exploitation de l'être humain et de la nature.

Un double principe parfaitement complémentaire, dont certains peuples ont été les ardents propagateurs, les imposant aux autres par la soumission ou la mort.

Naissance de l'homme civilisé.

La civilisation a vu le jour il y a environ 10 000 ans, avec les débuts de la sédentarisation humaine. Un événement lié directement à l'apparition de l'élevage et de l'agriculture.

A la civilisation et son sédentarisme grégaire s'oppose donc ce qu'elle a fait disparaître : l'organisation de la société en tribus indépendantes, vivant de la chasse et de la cueillette.

A l'Homme Civilisé s'oppose donc le Chasseur-Cueilleur, plus communément appelé le Sauvage ou le Primitif.

Au fil des siècles, la civilisation s'est développée par des guerres de conquêtes, impitoyables pour les peuples non-civilisés.

Que ce soit au nom de la religion ou du "libre-commerce", la violence des civilisés est sans limite.

Le règne de la civilisation s'étend aujourd'hui sur toute la planète. Les derniers espaces qui lui résistent encore seront bientôt conquis.

Une course vers l'abîme.

Avec les moyens technologiques modernes, l'exploitation de l'être humain et de la nature ne connait plus de limites.

Obéissant à son principe immuable qui la pousse toujours en avant, la civilisation est incapable de ralentir, et encore moins de faire machine arrière, dans sa course vers l'abîme.

Il n'y a donc rien à attendre d'elle. La civilisation ne peut être "réformée" ni "révolutionnée".

Sa seule alternative est sa disparition.

C'est le constat que fait l'anarchisme-vert, qui appelle à une remise en cause radicale de la civilisation, jusque dans ses fondements.

Une idée choquante.

Cette remise en cause passe par celle des deux moyens d'exploitation de l'être humain et de la nature : la technologie et l'agriculture.

Une telle idée ne peut que paraître choquante ou absurde à l'homme civilisé : n'avons-nous pas la certitude de nous être libérés de la faim en cultivant la terre ?... Et d'avoir su utiliser les forces de la nature à notre avantage, par notre ingéniosité technologique ?

La réalité est toute autre. Dès son avénement, l'agriculture a eu pour effet la famine, par sa pratique intensive qui engendre l'épuisement des sols.

De même, la technologie n'est pas neutre. Elle obéit au principe fondateur de la civilisation : l'exploitation de l'être humain et de la nature.

Il en résulte inévitablement la prolifération d'un monde artificiel, d'où l'être humain et la nature sont éradiqués.
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Au fond de chacun de nous.

Pour l'homme civilisé qui accepte pendant un bref instant de laisser parler sa conscience, tout cela n'est pas véritablement surprenant.

Tout cela, chacun de nous "le sait pertinemment au fond de lui".

Mais la civilisation reprend vite le dessus et nous pousse à regarder notre montre, à presser le pas pour rentrer dans le rang.

Pourtant le "sauvage", le "primitif" est encore vivant en nous, nous en avons gardé la mémoire. Nous avons encore en nous sa sagesse, son savoir, son courage.

Ce "sauvage en nous" refuse de participer à ce suicide collectif, où l'entraîne la "machine infernale" de la civilisation.

Ce "sauvage en nous", attend de plus en plus impatiemment le jour où il retournera à l'air libre, dans les premiers rayons de l'aube...

Pour vivre dans une société humaine, respectueuse de la terre qui nous a donné vie.